Depuis le début des années 1980, la Bolivie connaît de profondes réformes politico-territoriales. Ces réformes ont permis aux peuples autochtones ainsi qu’aux populations migrantes andines de sécuriser des millions d’hectares de terres forestières dans les parties amazoniennes du pays. Elles ont aussi entraîné une transformation parfois radicale de leurs institutions politiques. Elevées au rang de” nations” et à même de devenir autonomes depuis 2010, les entités politiques autochtones rencontrent toutefois des difficultés d’intégration importantes parmi les autres entités territorialisées du pays. Basé sur plusieurs années de terrain en Amazonie bolivienne, ce livre reconstitue l’historicité de la création des territoires autochtones tsimane’, et plus particulièrement du Pilôn Lajas. Les enjeux des réformes sont éclairés par une analyse multiniveau des processus de gouvernance territoriale donnant lieu à des relations souvent conflictuelles entre services étatiques, ONG, entreprises privées et organisations autochtones. Une approche coconstructiviste invite à se pencher sur l’influence des référentiels publics” ethnicisés” dans la production progressive des institutions territoriales, qui entraînent à leur tour des transformations physiques de l’espace et des écosystèmes forestiers. Il en ressort que” notre grande maison”, comme les Tsimane’désignent leur territoire, est en fait prise en étau dans ce que l’auteur appelle des” ordres éco-institutionnels” segmentés.
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